Le revolver STARR double action

Un révolver trop en avance pour son époque (1856 – 1863)
Un révolver trop en avance pour son époque (1856 – 1863)

« Le type qui a fabriqué ces revolvers et celui qui les lui a commandé pour le compte de l’Army mériteraient d’être pendus comme de vulgaires traîtres ! »

 

Cette opinion pour le moins tranchée, émise par un officier de cavalerie yankee, dont les troupes venaient de recevoir des STARR en dotation, montre assez clairement le peu d’estime des soldats nordistes pour ces revolvers …

Néanmoins en dépit de cette désaffection, la Starr Arms Compagny fut le troisième fournisseur de révolvers des troupes terrestres de l’Union, derrière Colt et Remington tout au long de la guerre civile.

Ebenezer t. Starr naquit le 16 aout 1816 à Yonkers, état de New York au sein d’une famille aisée comptant plusieurs hommes d’affaires spécialisés dans le négoce des armes à feu.

A près de 40 ans, Eben Starr, dont le goût pour la mécanique s’était affirmé très tôt, mit au point une poivrière à double action sous le brevet U.S. N°14118.

Starr imagina aussitôt d’adapter son nouveau mécanisme à double action à un révolver de calibre intermédiaire mais plus puissant que les armes à canons multiples et pivotants.

Un premier exemplaire du révolver de calibre 36 à double action, fut envoyé à l’arsenal de la marine à Washington, au début de l’année 1858, afin d’y être évalué par les experts militaires.

Cette première séance d’essais tourna court, l’arme étant incapable de fonctionner de façon satisfaisante.

Starr ne se découragea pas et reprit le travail.

500 révolvers furent livrés et inspectés par John Taylor de la Navy.
500 révolvers furent livrés et inspectés par John Taylor de la Navy.

Neuf mois plus tard l’armurier fut en mesure de présenter son nouveau revolver à double action à la Navy.

L’accueil des inspecteurs fut nettement différent, beaucoup d’entre eux furent enthousiasmés par l’excellent fonctionnement, autorisant une cadence de tir élevée tout en conservant un niveau de précision acceptable.

Afin de procéder à des essais plus poussés et réalistes, la Navy commanda 500 exemplaires du révolver au prix unitaire de 20 dollars.

Grâce à d’affluentes relations familiales, Starr n’eut aucun mal à trouver les partenaires acceptant de financer la totalité de l’opération, en échange de la cession de son brevet.

C’est ainsi que fut fondée la Starr Arms Company, dont le siège social fut établi à New York.

Dans le même temps, une première usine fut créée à Binghamton.

Dés sa fondation, l’entreprise fut dirigée par H. H. Woolcott et Everett Clapp, qui occupait les fonctions de trésorier.

Starr, pour sa part, dût se contenter d’un emploi de directeur technique.

Ce n’est que le 4 décembre 1860 qu’il reçut un second brevet couvrant l’essentiel des modifications apportées à son revolver initial, dont la conception remontait à l’année 1856.

Ces améliorations portaient sur la conception de la carcasse fermée, mais démontable, permettant le retrait du barillet dont le rochet et l’axe central avaient aussi été revus, afin d’assurer un fonctionnement plus régulier du revolver.


Selon lui, les STARR de calibre 36 étaient des armes excessivement fragiles, non en raison de leur platine à double action jugée révolutionnaire pour l’époque, mais à cause de la piètre qualité des métaux utilisés pour leur fabrication.

Ces révolvers furent finalement acceptés par la Navy nordiste.

L’urgence dans laquelle se trouvait la Navy de renouveler ses armes de poing désuètes encore en service à bord de ses bâtiments.

Globalement, les STARR double action donnèrent plutôt satisfaction, à la condition de ne recevoir que des charges de poudre noire assez modestes, leur barillet étant incapable de supporter sans dommage des contraintes trop fortes liées à l’emploi systématique de pleines charges.

Selon toute vraisemblance, les livraisons de révolvers STARR à la Navy cessèrent en janvier 1862.

En 1863, la Navy testa le STARR de calibre 44, également muni d’une platine à double action.

Cette arme fut jugée excellente en tous points par les inspecteurs qui l’examinèrent.

Cependant, l’état-major de la marine était très attaché au calibre 36, dont il souhaitait faire sa référence réglementaire, depuis l’adoption du revolver.

 

Il semble que ce soit cette unique raison qui ait poussé la Navy à ne commander aucun revolver de ce nouveau type.

Eben Starr, voulant conquérir l’énorme marché des armes de poing destinées à l’Army, jusque-là solidement « tenu » par Colt et Remington, la Starr Arms Company contracta alors le service de l’intendance de l’Army proposant à Ripley, qui en était le « patron », de lui vendre 12 000 révolvers de la nouvelle version au prix unitaire de 25 dollars.

Le mois suivant, Ripley faisait connaitre sa décision favorable à la direction de l’entreprise et l’acceptation de ses conditions, pourvu que le matériel soit livré dans des délais extrêmement brefs.

Cette attitude bienveillante, pour le moins inhabituelle chez Ripley, en dit long sur l’urgence des besoins de l’Army en révolvers modernes.

Surchargée de travail, la société fut incapable de respecter les délais qui lui étaient fixés par son client.

Très peu de ces armes furent vendues sur le marché civil, l’essentiel de la production étant directement absorbé par les contrats militaires.

Les STARR double action relativement complexes n’accordaient qu’une confiance très limitée pour ses utilisateurs.

Dans l’esprit de beaucoup, fiabilité se devait de rimer avec simplicité !

Comme tant d’autres entreprises américaines spécialisées dans la production d’armes à feu individuelles, la Starr Arms ne survécut pas longtemps à la fin de la guerre civile et à la brutale interruption des commandes militaires que celle-ci entraina.

Les marquages de carcasse apparaissent sur la partie située sous le barillet, de part et d’autre du revolver.

STARR ARMS CO NEW YORK
STARR ARMS CO NEW YORK
STARR’S PATENT JAN 15 1856
STARR’S PATENT JAN 15 1856

Contrairement au Colt et Remington, le chien ne peut être armé qu’en appuyant sur la queue de détente et non manuellement sous peine de casser le mécanisme, ce qui rendrait l’arme inutilisable.

Article rédigé par Bruno Marceau

Texte extrait du livre de Didier Bianchi,

« Les armes de la guerre de sécession »(Tome II - Le Nord)

-Photos collection privée-

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